Que des mots... [PV Berta]

Talons qui claquant sur le marbre. Pas léger et aérien. Sensation d'abandon totale. Garance dansait. Elle virevoltait au son d'une musique qu'elle seule entendait dans les couloirs desertés par l'heure bien trop tardive. Normalement à Wolfronze, on enfreignait pas le règlement, surtout en ces temps trouble où la mort pouvait venir vous cueillir au détour d'un couloir. Il suffisait de voir comme Jacques avait finit. Elle aimait bien Jacques, Garance, bien qu'elle ne le connussent pas bien. Des quelques souvenirs qu'elle avait gardé de lui, il était un garçon gentil. Mais il n'était plus. Et elle dansait dans les couloirs. Légère et Aérienne. Féminine ombre fluide se détachant avec grâce sur les murs illuminés de l'école. Elle aimait danser Garance. Elle aimait chanter aussi. Mais là, elle ne pouvait pas chanter, parce que sinon, elle se ferait prendre. Et elle n'avait pas le droit d'être là. Pas à cette heure. Pas alors que la mort pouvait vous cueillir à tout instant. Demandez à Jacques.

Et ainsi tournait l'esprit Garance, flottant au gré de ses pas dans les souvenirs que lui transmettait les murs de l'école. Figurément bien sûr. Il était évident que si les murs avaient sû parler, ils auraient dit qui avait tuer Jacques. Garance était contre la délation. Mais si les murs savaient parler, elle se doutait qu'ils auraient eu des choses à dire. Qui était, par exemple les farceurs qui avait gravé des insannités dans leur pierre il y avait deux ans, ou ceux qui se promenaient la nuit hors de leurs dortoirs le couvre feu passé. Oups. Peut-être valait-il mieux que les murs ne parlèrent pas alors.

Danse. Virevolte. Inconsciente petite sotte, Garance flottait dans les couloirs. Que pouvait bien amener une sage élève de Wolfronze si loin des dortoirs, si tard ? Tant et si peu à la fois. Cela dépendait, en réalité, de l'observateur. Pour Garance, c'était beaucoup, et c'était pour cela qu'elle était si loin, si tard. Un livre. Que pouvait-ce être d'autre ? Rien. Il n'y avait qu'un livre qui pouvait extirper Garance hors de sa chambre au beau milieu de la nuit. Et ce soir, il lui fallait à tout prix connaître la suite à l'Iliade, aussi s'était-elle glissée hors de son lit pour joindre la bibliothèque. Comment était-elle entrée ? Oh, les verrous n'étaient pas bien solide, après tout, il n'y avait aucune raisons de boucler la bibliothèque : Ce n'était pas le genre d'endroit que l'on forçait. Traverser toutes l'école était bien plus difficile que de pénétrer la bibliothèque en elle-même.

C'est donc l'Odyssée sous le bras, le pas dansant, et un sourir aérien flottant sur les lèvres que Garance regagnait désormais son dortoir, satisfaite, et prête à terminer sa nuit plonger dans l'oeuvre d'Homère. Oui, elle était écrite en Grec, mais ça n'effrayait pas la jeune étudiante qui, comme toute jeune fille de bonne famille qui se respecte, comprenait cette langue antique parfaitement. Elle avait si hate qu'elle ne faisait pas attention à là où elle mettait les pieds. Elle aurait presque même pu le commencer là, en dansant. Mais ç'aurait été montrer de l'irrespect envers cet ouvrage mytique. Alors, pour passer le temps qu'il lui fallait pour retourner au dortoir, elle dansait. Et inconsciemment, comme un lapsus, elle se mit à fredonner, au rythme de ses pas. Au rythme de ses danses.

Mais ne t'a-t-on jamais dit, Garance, que faire du bruit la nuit, cela attire les mauvais esprits ? Innocente petite Wolfronze, pas encore tout à fait dans la guerre, observatrice de ton état, neutre et pacifiste jeune femme, tu faisais peut-être encore l'illusion d'être totalement hors de tout, et surtout du monde dans lequel tu vis, mais prend garde, car cette nuit, il est probable que l'illusion vole en éclat...

Au détour d'un couloir, elle percuta, tout naturellement, une autre personne, et comme une feuille tombe d'un arbre, elle se laissa choir au sol, sortit de sa transe innocente.

- Tiens... Bonsoir Berta.

Voix légère et sans surprise. Berta était-elle également sortie emprunter l'Odyssée à la bibliothèque ? Parce que maintenant, il n'y était plus, c'était Garance qui l'avait.

Berta aimait généralement sortir la nuit. Elle était de ces personnes qui croient bêtement que les méchants sortent la nuit et les gentils le jour. Enfin, qui parle de méchants ? C'était plutôt "ceux qui étaient vus comme les méchants dans le monde" qui sortaient la nuit. Et il se trouvait bizarrement que quelq'un avait un jour décidé que son père était méchant. Ce quelqu'un était malheureusement le Directeur de l'école, et il s'appelait Charles Perrault. Inutile de dire qu'elle ne l'aimait absolument pas. Elle allait même jusqu'à se demander qu'est-ce que les élèves avaient avec lui, particulièrement les Tigor. De toute façon elle ne les aimait pas, elle ne les avait jamais aimés. Même avant de savoir qu'elle était la fille du grand mage Jean racine, quand son existence était encore pleine d'ennui dans une maison de moldus. Heureusement que c'était lui, son père, finalement, et pas un imbécile de moldu comme pour certains. Bref. Ce n'était pas le moment.

Non, pour l'instant elle était dans un couloir (quelle originalité !) à une heure où elle n'avait pas du tout le droit de sortir, depuis ce qui était arrivé à Jacques. C'était bête pour lui... Elle se demandait qui avait bien pu faire le coup. D'après son père, c'était brillant. Alors elle penserait cela aussi. Quelgrand homme, son père ! Elle l'admirait par-dessus tous les autres. Vraiment. Il avait de l'esprit, lui au moins. S'il y en a dans le groupe qui jouent les méchants juste histoire de jouer les méchants, comme l'autre folle Hélènes de Varsones et son bon à rien de copain La Fontaine. Celui-là, elle ne pouvait vraiment pas le supporter. Selon elle, il aurait pu suivre sa fille chez les autres, les Modernes. Mon dieu, les Modernes ! Voilà bien une espèce de l'humanité qu'elle ne comprendrait jamais. Où était l'intérêt ? Toute la beauté des mots étaient dans l'antiquité, et tous les personnages intéressants aussi. Elle n'aimait pas les Modernes... Mais qui aimait-elle, au fait ? A part son amie Hermione, qui était elle-même tirée de la mythologie. Une seule personne avec qui elle s'entendait...

Aïe !

Quelqu'un venait de lui rentrer dedans. Elle ne broncha pas plus que cela. C'était une élève qu'elle n'avait jamais vu - en tout cas elle n'en avait pas le souvenir. Vu son air un peu déglingué et sa robe qu'elle trouvait de très mauvais goût, elle était sûrement à Wolfronze. C'était surtout cette couleur bleue qui ressortait partout de chez elle qui faisait penser à berta qu'elle était de cette maison. Et plus bizarre encore, elle connaissait son nom. Surprise et intriguée, Berta répondit comme elle en avait l'habitude:

Fais attention où tu marches ! On risque de te virer de l'école si tu bouscules trop les gens, tout le monde va croire que c'est toi qui a tué Jacques.

La mort de Jacques ne faisait pas vraiment partie des évènements auxquels on avait le droit de se référer, mais Berta n'en avait strictement rien à faire. Elle parlait de ce don elle avait envie quand elle en avait envie, avec qui elle en avait envie. Mais ce n'était pas quelqu'un avec qui elle avait envie de parler, elle. Elle ne l'aimait pas non plus. Encore une fois, c'était juste parce qu'elle n'aimait personne, vu qu'elle n'avait pas le moindre idée de qui elle pouvait être. Mais soudain, elle vit qu'elle avait avec elle l'Odyssée d'Homère. Ah ! Elle s'intéressait donc aux mythes antiques ! Très bien. Berta aurait pensé généralement que quelqu'un trimbalant l'Odysséed'Homère dans les couloirs ne cherchait qu'à attirer l'attention sur lui. Mais à ette heure-là, dans le noir, presque à la dérobée, ça ne pouvait pas être le cas. non, cette fille-là lisait ce livre pour le plaisir. De quoi la faire remonter un peu dans son estime. Mais bien sûr, ce n'était pas suffisant. Non, trop facile. Toutefois, elle fut presque tentée d'engager la conversation.

Oh, tu lis l'Odyssée. Bien. C'est en grec en plus ? Très bonne idée. j'aime beaucoup.

» Modèle élève: Berta Racine